Petits bonheurs d'occasion (suite et fin)

Le petit B me toisa de son regard arrogant. Le chef du clan adverse me narguait avec emphase. Le malicieux personnage mijotait un plan diabolique. D’évidence, il possédait la clef de mon petit bonheur d’occasion. Venait-il de me voler mon trophée? La guerre des bonbons battait de l’aile. Je décidai de foncer droit dans la tourmente, dans le feu de l’action. J’étais seule à l’abordage. Nul Harry Potter à l’horizon. Peu importe… ce drôle affichait un comportement inexplicable. Je devais le soumettre à la question.

Je traversai la rue en vélo. Je me pointai devant lui en toute innocence. Le pitre ne broncha pas d’un iota. Il se croisa les bras, et, tout en mâchant sa gomme, me dévisagea comme une sorcière. Le duel s’annonçait brutal. Sans paniquer, je pris l’initiative en lui proposant une trêve. Une pause bonbon. La réponse fut déplaisante. Trois coups de sifflet retentirent dans tout le voisinage. Quel courage! Mon challenger appelait ses troupes!

Toute discussion étant inutile, je décidai de prendre le sentier de l’exil. Je me heurtai aussitôt à un barrage infranchissable : le reste du clan hostile m’attendait au coin de la rue. J’étais prise au piège! Une course effrénée s’amorça dans les méandres de Nouveau-Bordeaux. Je réussis à les semer quelque temps. Malheureusement, ils réussirent à me coincer dans les tranchées du centre commercial. Je ne pouvais plus m’enfuir. Je tombai aux mains de l’ennemie.

Quelques minutes plus tard, je me retrouvai ligotée sur un arbre, les mains liées derrière le dos. Quelle honte! J’avais pourtant fait retentir mon klaxon de vélo en guise de détresse envers les membres de mon clan. Quelle infamie! Mes officiers brillaient par leur absence…

Le petit B exprima une étrange danse de guerre autour de moi afin de bien souligner sa victoire. Je bouillis de rage. Il me nargua davantage en me mettant sous le nez sa mystérieuse acquisition : « Alors jeune fille, devinez un peu ce que j’ai dans cette boîte à surprises? Des bonbons? » Ce petit jeu dura longtemps. Je feignis l’indifférence. Je gagnais du temps. Naïvement, j’espérais que mes troupes finiraient par monter à l’assaut. Pour l’heure, j’étais seule au poteau de torture. Tonto devenait l’inaccessible étoile. Je n’avais aucune monnaie d’échange, aucun bonbon sur moi. Je fus condamnée au supplice du coup du coût du bonbon. Horreur! Mon honneur était en jeu! Goguenards, Le petit B et ses escogriffes décidèrent de me laisser rêver sur les lieux. Ils m’abandonnèrent sur le champ de bataille. Ô misère! J’entrevis une nuit extrêmement désagréable dans la forêt des mal-aimés.

Je me résignai en les regardant déguerpir fiers de leur coup lorsque, soudain, un énorme bonheur d’occasion se pointa à l’horizon! Monsieur B en personne apostropha toute la smala de voyous. Agrippant le petit B par l’oreille gauche, il le tira jusqu’à mon arbre.

Enfin, je commençai à respirer mieux. Je fus détachée de mon totem. Une courte conversation s’amorça entre le coupable et mon Robin des Bois. Il fut convenu que le méfait serait tenu sous silence si le petit B acceptait de mettre fin à cette guerre, et surtout consentait à me remettre la marchandise, l’étoile mystérieuse. Je ne savais toujours pas ce que le coffre magique contenait. N’ayant pas le choix, le chef du clan adverse accepta. Il me remit le butin, puis disparut dans les sous-bois.

Depuis ce temps, Tonto, mon petit bonheur d’occasion, orne les armoiries de mon clan. Il n’est pas nécessaire de révéler toute l’histoire aux adultes. Les grands, vous savez, il vaut mieux les laisser en paix, en pointant le nord…








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