Quelques voyages extraordinaires # 2

Le lendemain matin, je tins une réunion extraordinaire, tel Jules Verne, dans mes quartiers. La maison dans les arbres était bondée! Tous les membres du clan étaient présents. Officiers et matelots prêtèrent serment sous les armoiries, puis je déclarai la séance ouverte.

J’eus à peine le temps d’entamer l’ordre du jour que la 9e membre du clan des D déclara : « Où sont les biscuits Oréo? Je ne peux me concentrer sans nourriture… » Bon. La question fut réglée rapidement. Nous envoyâmes une estafette jusqu’à la cuisine de ma demeure. Malgré les protestations de ma mère, la timonerie de mon navire aérien fut remplie des surplus de la réception des adultes du vendredi soir. Rien ne se perd, rien ne se crée…

Enfin, la réunion débuta. Humblement, j’exposai mon plan. Il demeurait fort simple : construire une machine extraordinaire semblable au Victoria de Cinq semaines en Ballon. Je proposai tout de go les multiples étapes nécessaires à l’établissement de notre ouvrage. Le trajet fut accepté à l’unanimité. Il en fut tout autrement du matériel à acquérir… L’argent est le nerf de toutes expéditions!

Je conclus la discussion en assurant à tous que nos réserves étaient amplement suffisantes pour la mise en branle d’une telle aventure. La guerre des bonbons avait laissé quelques profits. Autant les mettre à contribution de noble façon.

Le projet Victoria II fut adopté!!!

Les prochaines semaines furent consacrées à l’établissement d’esquisses selon les maquettes que nous possédions. Le livre de Jules Verne fut épluché de A à Z. Monsieur Bricole nous donna un coup de main. Un prototype fut construit. Cependant, il nous manquait toujours l’essentiel : la science d’un professeur Fergusson! Nous ne désirions pas faire le tour de l’Afrique. Nous avions planifié une expédition dans le ciel de Nouveau-Bordeaux. Malgré notre modestie, la réalisation du projet semblait pleine d’obstacles.

N’écoutant que mon courage, je me portai volontaire pour un premier essai de notre montgolfière miniature. Un aérostat réduit à la taille d’un cerf-volant. Le résultat était plutôt impressionnant. Ce n’était pas le Victoria. Cependant, il avait fière allure.

Il était magnifique, extraordinaire. Malheureusement, il ne volait pas.

Je proposai aux officiers de lier le cerf-volant à tous les vélos disponibles. Il s’en suivit une formidable opération d’appareillage. Agrippée solidement dans le fond de la nacelle, je m’efforçai de lâcher du lest, mais en vain. Je ne m’envolai pas. Je rassemblai les troupes de nouveau sur un terrain plus propice. Un vent providentiel semblait venir à notre secours. Tant et si bien que le Victoria II prit son essor et monta droit vers le nord! Je planai comme un condor au-dessus de Nouveau-Bordeaux. J’effectuai une trajectoire de plusieurs mètres. Je lançais des cris de joie à mes acolytes qui jubilaient sous ma route. Hallelujah!

Puis, crac! Je m’échouai dans un arbre sur le terrain de notre école!

Je demeurai plus de cinq heures en ballon cerf-volant percé sur mon arbre perché. Heureusement, j’avais un exemplaire du bouquin de Jules Verne. Cette lecture me fit oublier mon terrible vertige…

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