Colette et l'oiseau moqueur 3


Colette comprit rapidement l’urgence de la situation. Elle rassura la petite fille avec tendresse, lui offrit l’hospitalité et lui prépara un petit déjeuner réconfortant. Curieusement, l’oiseau moqueur se transforma en gentleman. Il regagna sa cage et roucoula quelques chansons douces pour Toby-chien et Kiki-la-Doucette. Les deux comparses tombèrent en pâmoison devant cet énergumène polyglotte.

Colette écouta le récit de la jeune réfugiée avec douceur. Elle comprit que la petite se cachait dans le grenier avec sa famille depuis quelques semaines. L’oiseau lui appartenait. Il avait réussi à fuir sa tanière et prendre la poudre d’escampette par la fenêtre, hier soir. Paniqué, l’oiseau avait fait tout un boucan pour retrouver les siens.

Sans le vouloir, l’oiseau avait provoqué toute une tragédie familiale.

Alertés par les bruits, les Allemands avaient profité de cette agitation pour perquisitionner et emprisonné des pauvres gens. La petite courait après son oiseau pendant que les Allemands couraient après les gens portant des étoiles jaunes.

Lili se cacha chez le voisin pendant que son père, sa mère et son frère tentaient de la retrouver avant de fuir…

À l’aube, la famille de Lili était parmi les disparus.

Colette comprit qu’au petit jour, l’enfant entendit son oiseau roucouler et se mit à sa recherche. Elle retrouva alors son copain ailé, mais pas sa famille. Désemparée, la petite orpheline n’avait plus d’endroit où se cacher ni fuir, sauf chez Pépé le voisin…

Colette organisa une visite impromptue dans le sud de la France. Dès le lendemain, toute la maisonnée accompagna Pépé et Lili pour le périlleux voyage. Arrivée à destination, les trois comparses du Palais royal firent leurs adieux et reprirent la route de Paris. Pépé et Lili s’établirent dans la maison des amis de l’auteur. Certains disent qu’ils vécurent heureux dans un joli village provençal, près de la mer. Certains disent qu’un drôle d’oiseau chante en allemand et en yiddish depuis fort longtemps dans cette région…

Colette ne retrouva jamais la trace de la famille de Lili.

Cependant, à la fin de la guerre, un matin de printemps, on dit que trois oiseaux moqueurs vinrent chanter quelques ballades yiddish, à la fenêtre de Colette…

Merci à vous qui avez suivi cette histoire.

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Illustration: Briton Rivière. Sympathie.




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