Le huit-reflets de Whitechapel 12


Ses plus beaux vêtements rangés minutieusement sur une chaise, une chemise propre sur le dos, ses bottes placées devant l’âtre…
Notes de l’inspecteur Abberline.

Le 9 novembre 1888, vers 11 h du matin, Sherlock Holmes entra en catastrophe dans mon cabinet de travail. Je compris immédiatement que l’enfer était de retour... Nous nous précipitâmes dans un fiacre et prîmes la direction de Whitechapel. Je n’oublierai pas de sitôt notre rencontre avec Mary Jane.

Le 13 Miller’s court était une petite masure située près de Commercial Street et Flowers and Deans Street. À notre arrivée, un branle-bas de combat régnait autour de la demeure de la sixième victime de l’homme au huit-reflets de Whitechapel. Les policiers tentaient de trouver la clé pour entrer à l’intérieur du domicile. Elle semblait introuvable. Cependant, presque tous les voisins savaient que l’on pouvait pénétrer dans la chambre en utilisant l’ouverture créée dans la fenêtre aux carreaux brisés situés juste à côté de la porte. La porte était close, le loquet fermé.

De la fenêtre fracassée depuis quelque temps, derrière une pelisse, on pouvait voir le corps d’une femme. C’est ainsi qu’un peu plus tôt, le propriétaire de l’immeuble inquiet du silence de Mary Jane souleva le manteau et découvrit la tragédie. Il alerta les agents aussitôt.

Les agents ouvrirent la porte. Mary Jane Kelly gisait sur son lit. Elle ne chantait plus…

Le tableau inventé par le meurtrier était si sanguinaire qu’il me semble inutile d’insister sur le côté sensationnel de cette boucherie. La scène était écrite en rouge du début à la fin. Mary Jane était méconnaissable. Cette fois, le sadisme de l’homme avait atteint son paroxysme. Il avait eu le temps et pris tout son temps pour terminer son travail.

Égorgée, éventrée, mutilée, profanée… La malheureuse avait subi les pires outrages. D’évidences, le meurtrier avait procédé de la même manière pour éliminer les cris, les chants de la victime. En égorgeant la malheureuse dès l’assaut, il pouvait poursuivre son sale boulot, en silence. À la suite de quoi, il avait inventé un rituel démentiel afin d’assouvir ses instincts.

Il avait transporté le corps sur le lit afin de procéder à ses barbaries. Elle semblait endormie calmement comme dans une scène de vie champêtre. Et pourtant, elle n’avait plus rien de Mary Jane. La rage du meurtrier était omniprésente. Le corps de la femme était défiguré. Les viscères étaient disposés tout autour d’elle. Le corps de la femme était redessiné… Le visage était détruit ; l’épiderme arraché, les yeux, le nez, les oreilles découpés. Le visage de Mary Jane n’existait plus…

Les bras, les jambes étaient tailladés de toutes parts. L’homme avait même enrobé certains membres de morceaux d’épiderme comme un affreux collage d’amateur. Mary Jane gisait dans son sang.

On retrouva de la blanchisserie dans une petite marmite posée dans l’âtre. Un feu énorme avait parcellement détruit les vieux vêtements. Plusieurs traces de sang jonchaient les murs. On retrouva plusieurs marques du passage de l’assassin dans la chambre.

Cependant, on ne retrouva pas le cœur de Mary Jane…

Sherlock Holmes examina longuement la chambre funèbre. Puis, sans dire un mot, il retira sa casquette et salua la belle Irlandaise endormie.

Avant de nous quitter, il déclara en ouvrant la porte :

-- This small violet I pluck’d from mother’s grave… L’homme au huit-reflets de Whitechapel a terminé son travail. Le mien débute, car il a commis une erreur fatale…

À suivre…

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1. Illustration Sidney Paget.
2. Adaptation libre de l’auteure d’après l’œuvre de Sir Arthur Conan Doyle.

Commentaires

  1. Passer de Mademoiselle M à Mary Jane, il doit y avoir en toi quelque chose de sérial-writer ...
    ;-)

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  2. Oui, ami Melo! Vous avez tout compris.

    Quelque chose de sérialement-writerement fou et dément qui enflamme l'encrier de Mademoiselle M de temps en temps!

    Autrement, je ronfffffffffffffle affreusement et longtemps.

    Amitiés.

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  3. //il doit y avoir en toi quelque chose de sérial-writer // (Melo)

    Et moi je reprends du service en tant que "sérial-commentator"...

    après avoir longtemps ronfffffffffflé (en réalité je ne ronfle pas - je lis au cas où qu'une jolie dame de Whitechapel serait intéressée par ma pomme...)

    )))(((

    //Le 9 novembre 1888, vers 11 h du matin, Sherlock Holmes entra en catastrophe dans mon cabinet de travail. //

    ENFIN!

    (je ne commenterai pas les scènes de boucherie, parce que je n'y connais rien, mais elles me semblent très horriblement vraissemblables.)


    //Le mien débute, car il a commis une erreur fatale…//

    dit Sherlock.

    Forcément : Le mal toujours finit par se tromper lui-m^eme..

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