Nature writing : Annie Dillard

 

Island in the bay. Annie Dillard

Elle aperçut alors la cabane. Elle s’élevait un peu de guingois, posée sur quatre coins faits de souches de bois flotté. A propos d’une cabane similaire à celle de Maytree, son amie Joséphine disait qu’elle ressemblait à un grand feu de bois attendant qu’on l’allume.

Annie Dillard. L’amour des Maytree.

Lorsque la nature devient le protagoniste principal dans un écrit, on parle souvent de Nature Writing. Il ne s’agit pas d’un style nouveau. Depuis toujours, les auteurs rendent hommage à leur environnement. Les paysages de toute provenance teintent les pages des livres, telles les couleurs d’un pays de l’enfance. Rivières, montagnes, faune, végétation deviennent les rois et les reines de la scène littéraire. Le paysage nature reprend tous ses droits.

Certains prétendent que le Montana représente le bastion privilégié de ces tenants du Nature Writing. Il est juste de parler d’école ou de mouvement littéraire lorsque les écrivains d’une région mettent en valeur cet élément essentiel. Il est vrai que l’école du Montana regroupe plusieurs amants de cette écriture pure axée sur la nature. Parmi les écrivains les plus connus, mentionnons Rick Bass, Raymond Carver, Nicholas Evans, Jim Harrison, Norman Maclean, Gierach et John D. Voelker.

Golberg-AnnieDillard1V Pèlerinage à Tinker Creek fut ma première rencontre littéraire avec Annie Dillard. Je me souviens de ma fascination devant cet être complètement absorbé par la force tranquille des éléments naturels évoluant autour d’un petit monde. Des jours entiers écoulés, mine de rien, autour d’une vieille maison de campagne. De l’aube au crépuscule, vivre au rythme des ouaouarons, des hérons, des mésanges, des carpes et des truites… Couchée dans l’herbe afin de méditer sur le pèlerinage des fourmis, des coccinelles et des puces d’eau pour mieux s’étonner de la voracité des nèpes.

Annie Dillard promène son crayon sur le papier comme elle se promène dans la nature. Une écriture simple, directe, épurée, encrée dans la terre. Le côté naturaliste est toujours présent. Que ce soit ceux de la plaine, d’un champ, d’une mare, d’une dune ou de la mer, ses récits se laissent découvrir telle une vague inconnue qui se pointe au rivage.

L’amour des Maytree demeure dans cette ambiance douce et naturelle qui lui est propre. Roman voué à l’amour de toute une vie écoulée au bord de la mer, dans les dunes, les heures et les jours ressemblent à des levers de soleil sans cesse renouvelés. Si vous aimez la poésie des feux de bois au bord de la grève, les soirées dans les sacs de couchage pour mieux observer les étoiles, les chasses aux coquillages et la soupe aux huîtres, cette lecture vous charmera. De plus, les amants des cabanes tout acabit seront comblés. Cette cabane au bord de la mer, au milieu de dunes traîtresses et cruelles me rappelle celle de nos enfances. Ces enfances qui ne s’effacent jamais. Une retraite que l’on doit chérir, protéger de l’assaut des souris par des boules de laine d’acier et nettoyer des serpents noirs qui se cachent dans les armoires ou le long des portes. Une cabane secrète ouverte à l’année aux amis de toutes les saisons.

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Illustrations : Annie Dillard.

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