L’Afrique des écrivains : Karen Blixen

 

Karen Blixen. Table de travail et chien

Tous ces oiseaux étaient noirs, mais d’un noir doux, profond et mystérieux, un noir d’Afrique qui ressemblait plus à une patine acquise avec l’âge, qu’à une couleur ; c’est le noir des vieilles suies, le noir qui surpasse par son élégance, sa vivacité et sa force toutes les autres couleurs. Karen Blixen. Les calaos. Quelques oiseaux d’Afrique. La ferme africaine.

Le continent africain fascine tout le monde depuis des millénaires. Explorateurs, archéologues, aventuriers et voyageurs s’y promènent du nord au sud, de l’est à l’ouest et découvrent sans cesse de nouvelles splendeurs. Le peuple africain possède une richesse culturelle inestimable. La diversité de ses ressources est sans fin. De tous les explorateurs qui ont marché, navigué, escaladé, survolé les terres africaines, les écrivains demeurent les témoins privilégiés de cet univers. La nature, la faune et les différentes ethnies ont toujours constitué un théâtre d’observation passionnant. Selon leurs préférences, les écrivains de toutes provenances et de toutes époques ont relaté leurs safaris littéraires. Plusieurs œuvres axées sur l’Afrique se teintent de Nature writing. Il me semble évident que les Jules Verne, Ernest Hemingway, Doris Lessing et autres écrivains de ce monde percevaient leurs expéditions telles un Darwin romancier observant la vie dans ce quelle a de plus pure.

À mon avis, Karen Blixen représente le plus bel exemple de cette passion africaine.

Karen Christentze Dinesen est née le 17 avril 1885, à Rungstedlund, près de Copenhague. Son père, un militaire, capitaine et écrivain, se suicida en Amérique lorsqu’elle était encore jeune. Sa mère, issue d’une riche famille de négociant danois, l’éduqua selon l’austérité des unitariens. En 1914, à Nairobi, elle épousa le baron Bror Blixen. Ce fut le début de l’aventure kényane. Aussitôt, la baronne organisa la vie autour d’une ferme modeste. Elle décida d’y établir une plantation de café, histoire de tirer profit de cette terre ingrate…

Karen découvrit les différentes ethnies qui vivent sur ses terres. Rapidement, elle se passionna pour leurs cultures. De plus, la faune et la flore du Kenya lui proposèrent une multitude d’expéditions. De Mombasa au mont Ngong, jusqu’au lac Magadi ou ailleurs, elle voyagea en train, à pied, en avion, en Jeep et à dos de cheval avec ses lévriers écossais. Elle observa la nature. Elle se confondit avec la nature. Elle devint nature africaine.

Karen Blixen. , Farah, Kamante, Juma et autres. La ferme africaine décrit ses impressions à la suite de son long séjour au Kenya. Pendant plus de vingt ans, elle côtoya ces peuples merveilleux et infatigables que sont les Kikuyus et les Masais. Son personnel, composé en majorité de Kikuyus, lui demeura fidèle tout le long de sa vie. Farah, son majordome, Juma, son cuisinier, puis Kamante, son homme à tout faire promu cuisinier, partagèrent avec l’auteur, des moments inoubliables.

Les pas de la baronne et ceux des lions, gazelles, éléphants, buffles et girafes se sont croisés à moult reprises, toujours avec respect. Les relations entre la faune et l’écrivaine exprimées dans son œuvre demeurent parmi les plus intenses de toute la littérature inspirée de l’Afrique.

Selon Pierre Assouline, le prix Nobel de littérature lui fut ravi par Salvatore Quasimodo.

Je demeure convaincue que la baronne préféra se souvenir de son ciel africain, de ses soirées de contes avec les amis, de ses girafes, de ses Kikuyus… plutôt que de regretter l’octroi de certains honneurs.

  1. Illustrations. Karen Blixen à sa table de travail. Musée Karen Blixen
  2. Illustrations. Kamante, Karen, Farah, Juma et autres à La ferme. Musée Karen Blixen.

Commentaires

  1. Le dernier des éléphants roses ou cette époque chérie quand l'Afrique restait encore un continent à découvrir pour l'homme (ou la femme) blanc (ou rose).

    Je ne connaissais pas la baronne. Merci!

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Reading. Quel plaisir de vous lire. Dans quels pays de la terre écrivez-vous? C'est gentil de dire bonjour.

    La baronne vous conteras plus de mille merveilles sur les éléphants roses et autres faunes fascinantes.

    Amitiés.

    RépondreSupprimer
  3. Karen... Et les merveilles d'Afrique. Je me rappelle quand elle parlait de cette gazelle (il me semble) qui visitait la maison régulièrement. Les rituels... Des souvenirs comme s'ils nous appartenaient un peu...

    RépondreSupprimer
  4. La petite Lulu... La petite gazelle. Oui. Les dialogues avec les bêtes sont absolument inoubliables. À lire encore et encore.

    Bonne lecture, Gaëna.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire